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Antoine Thomas SOUVILLE (1777-1839), un corsaire calaisien
Antoine Thomas SOUVILLE (1777-1839), un corsaire calaisien
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24 juillet 2007

4e relache au port de Dieppe / octobre 1813

Ce que nous apprend le corpus documentaire :

Les documents nous donnent les éléments sur :

  1. La vie des marins corsaires sous le 1er empire (aspect sociologique)
  2. La campagne et l'activité corsaire (aspect maritime)
  3. L'intendance complexe d'une campagne corsaire (aspect économique)

  1. La vie des marins corsaires sous le 1er empire

     Lors d'une campagne corsaire les marins n'étaient pas tout le temps sur mer. Près d'une journée sur deux, ils se trouvaient soit sur le navire mais à quai, soit sur terre.
      Dans tous les cas, ils ne restaient pas inactifs. Certains s'attelaient au nettoyage des ponts, d'autres étaient chargés de vérifier l'état général du navire, d'autres encore s'occupaient du ravitaillement, de la gestion des denrées ou de la cuisine. A ce propos, les relâches nous permettent de mieux comprendre ce que mangeaient et buvaient les marins de ce corsaire.      

     Cette étude met en valeur les habitudes alimentaires des marins de l'époque. Lors de cette 4e relâche 1261, 42 Francs ont été consacrés à l'achat de nourriture en général, soit 81, 78 % des dépenses totales. L'équipage a alors consommé de l'huile d'olive, du beurre, du fromage (15 kg ont été embarqués le 15 octobre pour la somme de 22 F 05), de la viande (240 kg embarqués lors de cette relâche), du pain, mais aussi des pommes de terre, des oignons, des artichauts, du célerie, de la chicorée (probablement ajoutée au café), de la salade, des radis (4 bottes embarquées) et bien sur de l'eau douce. L'alimentation était plutôt variée. Bien sur tous n'étaient pas logés à la même enseigne. Les denrées les plus raffinées étaient réservées à l'état major.
     Une part non négligeable (32,44 %) des dépenses faites par le corsaire lors de cette 4e relâche au port de Dieppe, est consacrée à l'achat de vin et d'eau de vie. Nous savons d'après les compte d'Arnaud Michau que le 15 octobre 1813, le corsaire a embarqué 79 litres d'alcool. Nous savons aussi que le 20 octobre, le capitaine réembarque 119 litres de vin et d'eau de vie. Beaucoup d'alcool consommer alors ! Pas exactement. 79 litres ont été consommés en 5 jours par 69 hommes, ce qui fait 23 cl d'alcool par personne et par jour. L'idée reçue selon laquelle les corsaires buvaient énormément est totalement fausse. Ils ne consommaient pas plus que les autres corps de métiers ou que nous n'en consommons aujourd'hui. Si près de 33 % des dépenses lors de cette relâche a été consacré à l'achat d'alcool et de vie, c'est que tout simplement ces deux produits étaient très onéreux.

   2. La campagne et l'activité corsaire

     Cette 4e relâche au port de Dieppe nous apporte des éléments concernant l'activité et la campagne corsaire. D'abord le corsaire n'a croisé qu'une seule journée entre la 3e et 4e relâche puisqu'il est sorti du port le 13 octobre pour y rentrer le 14 octobre. Lors de la 3e relâche, le capitaine avait fait réparer beaucoup d'éléments du navire et pourtant, de nombreux artisans vont se remettre au travail dès le 15 octobre au matin. Pourquoi autant de réparations ? 
     Plusieurs hypothèses s'offrent à nous. La première est tout simplement l'endommagement par une mer difficile. Rappelons que cette croisière s'effectue en manche pendant la période des grosses tempêtes entre octobre et mars. La deuxième hypothèse, bien que peu probable est celle de la vetusté du navire. En effet le navire a été construit en 1811 et n'a que 2 ans. Enfin la troisième hypothèse, une des plus plausible est celle de l'activité corsaire. Le Renard devait probablement prendre en chasse des navires ennemis (anglais) marchands ou même corsaires ou se faire attaquer et subir dans les deux cas de nombreux dégats.
     Après seulement une journée de croisière en Manche, le capitaine fait procéder à un grand nombre de réparations. Il fait d'abord appelle à un maître calfat, François Lefranc de Dieppe aidé de ses ouvriers, Pierre Fécamp, Simon Godefroy, Jean Caillot, Jean Tersenier et d'un apprenti nommé De Champs. Tous vont s'activer à suiffer et a renforcer la coque du navire. Ils y passent une marée. Ensuite divers réparations sont effectuées par un dénommé Olivier pour 32, 80 Francs, par monsieur Blondel serrurier pour la somme de 15 francs. Enfin, la voilure est révisée par le voillier Jean Nicolas Blard qui racommode la misaine.

      3. L'intendance complexe d'une campagne corsaire

     Ces documents d'archives rendent compte de la complexité des campagnes corsaires. D'abord, ils mettent en valeur le grand nombre de personnes liées de près ou de loin à la croisière :
- l'armateur, ici M. Géry Choisnard de Calais,
- le correspondant, ici à Dieppe, David Deslandes,
- le capitaine chargé de veiller au bon déroulement de la campagne et charger de veiller comme un père sur son équipage. A ce propos nous savons que l'un des marins, Joha Hettschedt venant de finlande et âgé de 21 ans est resté à terre cinq jour pour maladie. Un autre Grégoire Stiffet, un mousse de Dunkerque est allé en prison. Le capitaine a dû payé 10, 50 francs pour le faire sortir.
- Les marchands et autres artisans qui prennent soin du navire et de son équipage.

     Ensuite, une campagne corsaire nécessite de lourds investissements financiers. Rien que pour cette escale, l'armateur a déboursé 1509, 05 Francs. A cette somme doit s'ajouter le traitement des marins, les frais d'armement du navire...Mais rassurons-nous, le jeu en vaut la chandelle. Une belle prise et l'armateur fait de très gros bénéfices.

La suite la fois prochaine....

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